mardi 19 janvier 2016

Une image, une histoire chez Lakevio



CARTER Pruett71

Pruett Carter

à découvrir chez Lakévio 


Mon texte :

C'était par une belle journée de printemps, le tout début du printemps où la nature peine à offrir ses premières floraisons, intimidés par des températures encore incertaines. La gouvernante avait cueilli les dernières jonquilles du jardin, les réservant pour la jeune fille de la maison. 
Mademoiselle Catherine était encore dans sa chambre en fin de matinée. La fenêtre donnait plein sud. Le doux soleil de mars serait entré à flots dans la pièce si les persiennes n'avaient été tirées. En entrant après un discret toc toc, la gouvernante ne fut guère surprise de trouver la jeune fille immobile dans son fauteuil, le visage triste, des larmes ayant roulé sur ses joues. Elle ne sembla pas avoir entendu sa visiteuse entrer. Lorsque cette dernière vint s'asseoir près d'elle et se mit à lui parler avec douceur, Catherine garda le visage tourné vers la cheminée, ses yeux vides fixaient une douleur intérieure, ses mains se tordaient nerveusement sur une lettre.
La gouvernante savait de qui émanait cette missive et se doutait de ce qu'elle contenait.
Catherine avait besoin de réconfort, mais pour l'instant elle était sous le choc.
La gouvernante savait par expérience que cet état ne durerait pas. On s'habitue à tout, surtout dans ce milieu aisé mais strict, régi par des valeurs rigides.
Catherine n'est pas et ne sera jamais une personne libre.
Elle n'en a sans doute pas encore conscience.
Plongée dans un chagrin nouveau, bouleversée par ce séisme dont elle n'imaginait seulement pas l'existence, et des sentiments tranchants, elle ne pouvait pas encore comprendre la réelle portée des mots qu'elle venait de lire.
La gouvernante lui répéta encore une fois qu'il fallait laisser le temps faire son oeuvre.
Catherine releva brusquement la tête, saisit la lettre, la froissa rageusement et la jeta dans les braises à l'agonie. Une flamme fluette s'éleva, le papier crépita brièvement, devint cendre. Le silence se fit. Catherine soupira, se leva et sortit sans un mot.

10 commentaires:

  1. J'aime à lire ici et là les différentes versions inspirées par ce tableau proposé par Lakévio. Ton texte décrit bien la scène et les sentiments des personnages. Bravo pour ton imagination. Belle journée à toi.

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    1. Merci Tanette. Belle journée à toi, ici encore sous le signe de la pluie ! Bisous

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  2. Bravo Éva, ton texte est vraiment très bien écrit, on a presque l'impression d'y être et d'assister à la scène !
    Bel après-midi, bisous !
    Cathy

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  3. Très belle idée, que j'avais déjà vu traiter chez différents blogueurs.
    Ça donne envie ! j'adore ce genre d'exercice stimulant.
    bravo
    ¸¸.•*¨*• ☆

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    1. Oui, c'est stimulant. Bonne soirée Célestine.

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  4. Et une nouvelle version....une !!! bravo ! bien écrit et avec une fin qui se rapproche un peu de la mienne !
    Gros bisous Eva !

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    1. Figure-toi que je croyais au départ que tu racontais ta propre histoire ! J'ai adoré, c'est très bien composé ! Gros bisous Colette

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  5. Ce tableau est très beau, et ton histoire tout autant ...
    Amusant, encore une fois, de lire vos différents textes sur une même image !

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