jeudi 20 décembre 2018

Une expression par jour # 354

L'expression du jour (à placer dans une phrase ou un petit texte) :

Le torchon brûle
Il y a un profond désaccord.
L'atmosphère est à la dispute.

Origine :
Dans cette locution qui date de la fin du XVIIIè siècle, le torchon n'est pas celui du ménage.
Le Dictionnaire Historique de la Langue Française nous dit que le premier sens du mot, au XIIè siècle, correspondait à un coup que l'on donne. On peut donc déjà faire un rapprochement avec la bagarre qui s'annonce lorsque le torchon brûle.
Mais il rajoute ensuite que, dans notre expression, le mot est un dérivé de torche, ce machin qui, en brûlant, permet d'éclairer un endroit sombre. Hélas, cette affirmation n'est suivie d'aucune explication indiquant quel est le lien entre cette torche qui brûle et le désaccord ou la dispute qui s'annonce, ce qui est plutôt frustrant.
Claude Duneton, lui, nous propose autre chose, indirectement lié au tout premier sens de torchon : l'expression serait un double jeu de mots.
D'abord, torchon serait une plaisanterie basée sur torcher ou se torcher au sens de "se battre" (c'est l'histoire du coup qui réapparaît). D'ailleurs, "un coup de torchon", c'est autant une bagarre que quelque chose qui a fait place nette, et une torchée, c'est une sévère correction.
Ensuite, vous vous rappelez certainement ce jeu où, gamin, vous deviez retrouver quelque chose ou quelqu'un caché et, lorsque vous vous approchiez très près de l'endroit, on vous disait "tu brûles". Dans ce cas, brûler indiquait la proximité.
Le torchon brûle voudrait donc simplement dire "les coups sont très proches".

Exemples : 

« J'ignore tout : et si le torchon brûle entre Mollet et Lacoste, et si l'interview à l'Express le prouve (…) »
François Mauriac - Le nouveau bloc-notes 1958-1960

« Les jours où le torchon brûlait, elle criait qu'on ne le lui rapporterait donc jamais sur une civière . Elle attendait ça, ce serait son bonheur qu'on lui rapporterait. À quoi servait-il, ce soûlard ? à la faire pleurer, à lui manger tout, à la pousser au mal. »
Émile Zola - L'assommoir


Depuis quelques temps, le torchon brûle entre le peuple et le gouvernement. Mais ce soir, mon fils et moi sommes allés à une conférence de presse pour un autre problème toujours d'actualité : celui de l'accueil des migrants. Un seul média sur 4 est venu, quelle déception. Par contre, nous étions nombreux pour soutenir le collectif d'associations venues témoigner de leurs actions et attentes et la journaliste est resté près d'une heure. Je pense que cela donnera un article de fond intéressant.

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