samedi 26 janvier 2019

Un mot par jour - 2019 # 26

Pratiquons ce jeu avec un dictionnaire. Chaque jour, ouvrez le dictionnaire au hasard et choisissez le mot qui vous paraît le plus inspirant dans la double-page. Le mot est un déclencheur et ensuite il suffit de se laisser porter sans censure ! Ecrivez ! C’est parfois très libératoire !

téléviseur

Quand j'étais petite, nous n'avons pas eu de suite une télé. En attendant, nous allions la voir chez les autres ; mon frère et moi chez des copains ; en famille, chez le parrain de ma sœur.
Généralement, c'est mon père qui nous emmenait, mon frère et moi, chez le futur parrain de ma sœur. Il vivait dans un petit deux pièces avec sa compagne. Notre mère n'appréciait pas vraiment ce couple.
Charles et Annie étaient au départ des amis proches de ma grand-mère paternelle. Ils sont venus s'installer dans notre ville peu après nous. Ils avaient connus mon père jeune, ils étaient très attachés à lui. Lui était musicien professionnel, il jouait du violoncelle. Sa fierté était d'avoir fait partie d'un orchestre qui a accompagné Edith Piaf pour l'enregistrement d'un disque, je ne sais pas lequel. Elle a été secrétaire, c'est elle qui les faisait vivre avec son salaire fixe. Notre mère trouvait dégradant qu'un artiste se fasse entretenir par une femme... A part qu'ils ne se sont jamais mariés, il y a un autre "défaut" que ma mère leur reprochait : ils fumaient tous les deux. Toutefois, lorsque nous allions chez eux, ils n'oubliaient pas d'ouvrir en grand la fenêtre, été comme hiver. Malgré tout, ça sentait le tabac tout le temps. Donc, nous allions au moins une fois par semaine regarder la télé chez eux, je me souviens de ces petits films pour enfants comme "bonne nuit les petits" ou le manège enchanté, des Laurel et Hardy et autres comiques muets, et du film du dimanche après-midi que nous allions parfois voir après l'habituelle promenade dans la campagne. Un jour, à la grande joie de mon frère, il y a eu un western mais on raconte que ce film m'a effrayé, que j'ai longtemps rêvé d'une horde de cavaliers tirant avec des carabines sur de pauvres indiens juste munis d'arc et de flèches.
Acheter une télé fut un long sujet de discorde entre mes parents, et elle entra enfin chez nous l'année où j'étais en CM2. J'avais fini par en faire une fierté d'être la seule à ne pas avoir la télé (à savoir si mes camarades disaient tous la vérité). Par souci d'économie, mes parents ont pris le poste qui était en démonstration aux Galeries Lafayette, il avait juste une éraflure sur un côté. Mon père est allé le récupérer un samedi. L'installation ne fut pas facile, je crois qu'un collègue est venu l'aider, en tout cas on n'a pas intérêt à traîner au salon ce jour-là et on a compris qu'il nous fallait arrêter de demander quand elle serait prête ! A cette époque, il n'y avait pas de programme 24h sur 24 et c'était encore le noir et blanc. Lorsqu'elle fut enfin en fonctionnement, nous avons découvert sur l'écran les Frères Ennemis dont nous connaissions par cœur les sketches par la radio. Quelle surprise de mettre enfin un visage sur leur voix !
Comme dans beaucoup de famille, la télé est devenu un prétexte à punitions. Une mauvaise note ? Une bêtise ? Une dispute dans la fratrie ? Punis de télé ! C'était redoutable.

2 commentaires:

  1. Que de souvenirs avec tout ce que tu racontes !!!
    Perso, je me souviens que le premier jour où la télé est arrivée à la maison, le programme était un discours du Général De Gaule ...

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