jeudi 8 novembre 2018

Une expression par jour # 312

L'expression du jour (à placer dans une phrase ou un petit texte) :

Envoyer paître
Se débarrasser (de quelqu'un) avec brusquerie
Envoyer promener

Origine :
On l'a oublié parce que qu'on ne l'utilise plus sous cette forme, mais le verbe paître a d'abord été transitif, puisqu'au XIIè siècle il signifiait, au sens propre, «nourrir un animal», version d'où nous vient repu, issu de repaître (également transitif à l'époque), toujours largement utilisé, qui cohabitait avec pu, pour « nourri » (lorsqu'on a été pu et repu, l'estomac est forcément bien rempli).
Ce verbe a aussi eu d'autres significations, de «conduire au salut», en religion, à «tromper», au XIIIe siècle, lorsqu'employé avec faire ; selon Rey et Chantreau, on a même eu au Moyen-Âge un faire paître avec soi qui signifiait « attirer dans son parti par des promesses ».
Aujourd'hui, le verbe est principalement intransitif, puisqu'on ne paît plus les animaux mais qu'on les fait paître lorsqu'on les mène aux champs brouter cette bonne herbe bien verte qui fait saliver tous les ruminants.
Et comme les champs « broutables » ne sont pas forcément à proximité immédiate de la ferme, faire paître les animaux, c'est souvent les éloigner vers un champ à distance. Il est donc aisé d'imaginer que notre expression est une métaphore de cet éloignement, l'importun étant brutalement envoyé au loin pour éviter qu'il continue à déranger.
Mais il faut savoir que si l'expression est apparue au XVe siècle (attesté en 1461 chez François Villon), dès le XIIIe, faire herbe paistre, également en rapport avec le sens de « tromper », s'utilisait pour « mener comme un sot, en dupant ». Ceci explique que, dans son Dictionnaire français publié en 1680, César Pierre Richelet, donne à notre locution la signification « envoyer promener comme un sot ».
De nos jours, on a donc oublié la sottise de l'importun pour n'en plus considérer que le côté dérangeant justifiant qu'on cherche à l'éloigner sans ménagement.

Cet aprem, après la cure, j'ai eu le courage d'aller au club de lecture. J'ai eu in extremis le bus navette, ce qui m'a permis de passer à la maison et repartir en vélo. C'est la première fois que j'assistais à cette réunion, l'ambiance était joyeuse, conviviale, personne n'envoyait paître personne. Nous étions 10, je connaissais déjà 4 personnes. Du coup, je n'ai pas fait attention à l'heure et comme j'avais éteint mon téléphone, j'ai loupé mon RV avec l'Amie qui devait m'emmener à la ferme. Ah, quel dommage !

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