jeudi 25 août 2016

Défi 365 jours d’écriture # 238

essais2

défi proposé par le blog de girlkissedbyfire


Sujet du 25 Août : Remembrance


Avec le thème d'hier, j'ai eu finalement une remembrance de personnes auxquelles je n'avais pas pensées depuis bien longtemps ! 
Annie et Charles ont été souvent présents dans ma vie d'enfant. Ils étaient des amis intimes de ma grand-mère paternelle et étaient venus s'installer dans la même ville que mes parents qui avaient été mutés. Ils sont devenus comme des 3è grands-parents. Mon père nous emmenait souvent les voir, au moins une fois par semaine. Ma mère ne nous accompagnait pas, elle ne les portait pas vraiment dans son cœur...
Ce couple n'avait pas pu avoir d'enfants. Lui était musicien, violoncelliste très exactement, et il était particulièrement fier d'avoir fait partie de l'orchestre qui accompagna Edith Piaf pour enregistrer un disque. Il conservait précieusement un exemplaire de ce disque. Je ne me souviens pas du tout des chansons concernées. 
Elle, travaillait comme secrétaire, autant dire que c'est son salaire qui faisait tourner la baraque comme disait avec mépris notre mère. 
Nous aimions aller chez eux parce qu'ils possédaient une télévision, et pas nous. Ils avaient toujours une friandise à nous offrir. Tous les deux fumaient comme des pompiers (elle des cigarettes, lui la pipe en général) mais prenaient soin, quelle que soit la saison, d'ouvrir la fenêtre en grand et nous placer devant afin de nous épargner. Ils nous conseillaient de ne jamais fumer.
Ils avaient tous les deux la voix typique des gros fumeurs et cette toux intermittente... Elle partira bien avant lui, d'un cancer, et lui atteindra les 100 ans !
Leur seule famille était un neveu que nous n'avons jamais vu...
Ils avaient pour voisine une dame qui faisait de la couture à domicile ; elle me donnait de temps en temps des chutes de tissus et j'adorais ça. J'aimais toucher les textures différentes, les classais par couleurs. Au bout d'un moment, ma mère les jetait, j'étais furieuse mais je savais que j'en aurais d'autres.
Annie et Charles vivaient dans un modeste deux pièces avec un minuscule coin cuisine dans le salon/salle à manger, et un cabinet de toilette sommaire, ils ont fini par faire installer une douche à côté des toilettes. Le lit trônait au milieu de la pièce, entre une armoire à glaces et une commode sur laquelle était posée une jolie poupée qui me fascinait. Un jour, j'ai eu le droit de la toucher, mais Annie semblait y tenir particulièrement et ne m'a pas permis d'y retoucher. Elle avait une robe couleur vieux rose et des yeux qui fermaient. A chacune de nos visites, je demandais à aller aux toilettes car il fallait passer par la chambre pour s'y rendre, ainsi je pouvais regarder la poupée, et à chaque fois, Annie m'accompagnait et attendait que je sorte des toilettes, peut-être qu'un jour j'ai touché à cette poupée sans sa permission ? Je ne me souviens plus.
De temps en temps, ils venaient manger à la maison. Nous n'avons jamais mangé chez eux. 
Ils n'avaient pas les moyens d'avoir une voiture alors lui se déplaçait en mobylette ; elle était gris-bleu. Il avait trouvé un petit travail à temps partiel et s'y rendait ainsi.
Charles ne cessait de louer l'art de la musique, il disait que nous devrions apprendre la musique, ce que nous n'avons jamais fait. Il donnait parfois des cours de violoncelle.
Il a rarement sorti son instrument et joué pour nous. Il me semble que je n'aimais pas trop l'entendre... Notre mère disait qu'il n'y avait pas pire instrument.
Lorsque je suis partie faire mes études à Paris, j'écrivais régulièrement à Charles et il me répondait brièvement en s'excusant de ne pas aimer écrire. J'aimais lui décrire ma nouvelle vie, mes rêves, mes ambitions car lui ne jugeaient jamais, c'était bien agréable.
Je pourrais en parler longuement... 
On n'oublie pas les personnes qui ont été dans votre vie d'enfant. 
Un jour je vous parlerai d'une vieille voisine, Mme Martel.

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