Atelier d’écriture : 174è une photo quelques mots chez Bric à Book

Nous revoici avec une nouvelle photographie de Julien Ribot.

© Julien Ribot

Il retourna dans l'atelier pour la dernière fois et grand fut son étonnement de le voir si bien rangé, si propre. Aucune trace de sciure, pas même de poussière. Il flottait encore une douce odeur de peinture fraîche. Quelle idée d'avoir choisir ce vert ! un vert pétant, vif, joyeux, oui après tout c'est un vert joyeux, à l'image de son tempérament bonhomme. 

La surface de l'établi est irrécupérable, elle témoigne d'années et d'années de dur labeur. Combien de gouttes de sueur et de sang ?  Il se rappelle ces mains, rugueuses et puissantes, et l'éternel pansement tout crotté. On se fait souvent de petites blessures dans ce travail. Ce n'est rien. On ne les sent même plus à force.

L'artisan a laissé ses outils devenus orphelins. Il s'en est allé, sans avoir connu la retraite. Il s'en est allé à la fois discrètement et brutalement. Et son fils déambule dans l'atelier qu'il a tant fréquenté dans son enfance. Son fils qui ne voulait surtout pas suivre ses pas. Son fils soudain envahi de nostalgie avant que le chagrin ne prenne le relais.

"N'oublie pas d'éteindre en sortant" lui rappelle la mère.