Harold Harvey
Consignes :
Les témoignages. Trois personnages. Trois points de vue.
Mon texte :
Va-t-elle valider mon projet ? J'y travaille depuis plus d'un an, j'ai la certitude d'avoir fait du bel ouvrage. Je le pense en toute modestie. J'ai respecté l'esprit de la maison, l'ensemble est cohérent, elle ne peut pas me critiquer là-dessus. Reste son appréciation personnelle, mais connaissant sa rigueur, elle saura outre-passer toute subjectivité. Je crains qu'elle n'objecte l'aspect naïf de certaines productions, mais il est évident que c'est un parti-pris en totale cohésion avec le sujet. Voilà un bon moment qu'elle est sur cette planche, je ne sais pas laquelle, je n'ose pas bouger de ma place. D'un signe de tête, elle a demandé à son assistante de venir voir et lui a chuchoté quelque chose à l'oreille.
La patronne est mitigée quant à cette planche. Elle trouve que c'est celle qui pose problème. Elle m'a expliqué pourquoi mais je ne suis pas du tout de son avis. Je suis en train de réfléchir comment le lui dire tout en ménageant sa susceptibilité et surtout celle de notre jeune artiste que je sais particulièrement sensible. Mais ne faut-il pas apprendre à entendre, comprendre et accepter les erreurs ? C'est ça qui nous fait avancer. Certes, Mathilde a un talent indéniable. En découvrant l'ensemble de son oeuvre, j'ai cru voir la perfection. Je ne trouve rien à redire. Sauf que depuis que la patronne est retenue sur cette production, le doute m'a saisie...
J'ai conscience que l'attente que je fais perdurer doit être de plus en plus pénible pour Mathilde. Cela pourrait sembler cruel, mais je cherche le petit détail qui ferait défaut. J'ai peine à le trouver. J'ai proposé une remarque à ma première assistante et cette dernière n'a toujours pas réagi. En même temps, que pourrait-elle me répondre... Je m'en veux d'une telle mesquinerie. Il me semble primordial de ne pas conclure mon appréciation par un "Tout est parfait". Pourtant, cela est parfait. Je ne voudrais pas que cette jeune fille démarre en étant sur un petit nuage. Elle doit apprendre que tout est perfectible, que le monde du travail est souvent redoutable et qu'on peut vite rencontrer meilleur que soi. D'un autre côté, au sein de mon atelier, elle ne risque rien, il est évident qu'elle est meilleure que celles et ceux qui y travaillent depuis des années. En attendant, il me faut maintenant donner mon avis en toute objectivité, je vois bien que la pauvre enfant se morfond, elle en perd les règles de bonne tenue...
- Mathilde, j'ai le plaisir de vous annoncer que vous êtes engagée. Votre projet sera soumis à la prochaine commission et j'espère qu'il sera accepté comme il se doit.
J'aime beaucoup. Plus agréable et du coup certainement plus aidante que "ma" mère, la patronne ! Très, très réussie cette introspection des personnages. merci, Eva.
RépondreSupprimerMerci ! tu es bien indulgente, je rougis...
SupprimerEh bien, je crois qu'on peut dire que c'est parfait et toujours perfectible o:) (le monde s'en porterait peut-être mieux...)
RépondreSupprimerC'est super bien raconté !
Merci ! ce n'est en effet pas incompatible...
SupprimerLa pauvre Mathilde est passée par de bien angoissants moments... mais l'Oracle a (enfin !) parlé et voilà son avenir engagé
RépondreSupprimerBravo
A bientôt chez Lakévio ?
Merci Gwen.
Supprimerahlala! dure, dure la patronne (et excellent texte)
RépondreSupprimerMerci Adrienne
SupprimerUne chômeuse en moins !
RépondreSupprimerBonne nouvelle !
;-)
Oui, bonne nouvelle. Merci Alain
SupprimerC'est bien vu ces trois avis ... On sent bien l'angoisse et la réflexion !
RépondreSupprimerMerci !
SupprimerExcellent Eva ! et un texte qui est positif, ça fait du bien ! gros bisous Eva et bonne semaine !
RépondreSupprimerOui, j'ai voulu du positif. Merci Colette.
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