vendredi 1 février 2019

Avec nos 10 doigts n° 47 "à table"

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Mon texte :

- A table ! disait notre mère. Et nous arrivions illico, nous lavions les mains à l'évier, nous asseyions. Sortir notre serviette prisonnière du rond en bois où notre prénom est gravé, la déplier et recouvrir nos genoux. Ne pas mettre les coudes sur la table. Attendre qu'on nous serve et ne pas protester en découvrant les betteraves détestées... Ne pas avoir les yeux plus grands que le ventre, bien saucer son assiette, toujours finir son bout de pain car "le pain, ça ne se gâche pas". On aura dit merci à chaque fois que notre mère aura rempli notre assiette. On aura dit "stop" ou "encore" en vain. Parfois, on aura été privé de dessert. Le repas est terminé, on met les couverts dans l'assiette, on repli soigneusement sa serviette et on l'insère dans le rond en bois où notre prénom est gravé pour l'éternité. On attend le feu vert pour sortir de table. Ca ne rigole pas chez nous...

- A table ! criait notre grand-mère parce que nous étions au fond du jardin. Le repas est servi ! 
Nous accourons, affamés.
Mmmm, que ça sent bon ! Elle nous demande si nous nous sommes lavé les mains. Heu, ben non, mais on allait le faire. On fait mousser le gros cube de savon de Marseille, on frotte, on frotte, on rince, on s'essuie et on va s'asseoir. L'été chez grand-mère, on mange les légumes du jardin, alors tout est bon. Ce midi, il y a des tomates, de belles tomates qu'on saisies toutes entières et on mord dedans à pleines dents. Pas besoin de les couper en rondelles et de les assaisonner. Le jus gicle et des pépins s'accrochent à notre menton. Nous en rions. Avec la viande, il y a les haricots que nous avons cueillis puis équeutés ensemble. Au bout d'un moment, on trouve ça fastidieux, alors grand-mère nous libère avec un "vous m'avez bien aidée, je vais finir." Et au dessert, on va dévorer les fraises qu'on a cueillies également ce matin, et ce faisant bien sûr, on en a mangé tout plein. 
C'est les vacances, les joyeuses vacances chez Mémé et Pépé, alors elle nous dispense de desservir, de faire la vaisselle... mais la plupart du temps on le fait quand même parce que Mémé, elle est trop gentille, elle fait tout pour nous faire plaisir, elle veut que nous passions les plus belles vacances de notre vie, et ce sont les plus belles vacances de notre vie.

- A table ! chantonne Pépé tout en jetant  les épluchures de légumes dans la base-cour. Allez les enfants, vous pouvez lancer le grain. 
Les poules n'ont pas attendu que notre grand-père les harangue, elles se sont précipités dès qu'elles nous ont entendu approcher et elles s'affairent. Le coq les rejoint avec nonchalance, elles s'écartent, elles savent qui commande ici ! Nous les regardons picorer, déchiqueter les déchets, trépigner de plaisir. Elles sont voraces, pressées, elles engraissent bien. Dimanche, l'une d'elles passera à la casserole et Mémé criera "A table !"

2 commentaires:

  1. Hi hi ... je me reconnais encore pleinement dans le premier paragraphe !!!
    Pour ce qui est des grands-parents, je ne peux pas en dire autant, je ne les ai quasiment pas connus d'un côté et pas du tout de l'autre ... donc, pas de souvenirs de vacances aussi beaux que les tiens !!! A garder précieusement !

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    Réponses
    1. Ce récit est une fiction, mais je me suis bien sûr inspirée de quelques souvenirs réels.
      Et oui, toute une époque révolue...

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