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© Julien Ribot
Mon texte :
J'ai vécu à cet endroit, oui, exactement à cet endroit. Pas sous les ponts, mais dans un de ces immeubles au bord de l'eau, là-haut dans la lumière. J'entendais le ronron du flot incessant des voitures, jour et nuit ; j'écarquillais d'émerveillement les yeux lors du passage des bateaux-mouche dont les projecteurs dessinaient des dentelles sur les murs à travers le feuillage des arbres. J'ai frissonné parfois lorsque le passage du RER faisait vibrer le sol, et je me demandais si l'immeuble n'allait pas, un jour, se fissurer, s'écrouler... J'ai vécu à Paris avec bonheur. J'ai aimé les bouquinistes rive droite, rive gauche. J'ai aimé l'ambiance du marché qui s'installait trois fois par semaine. J'ai tellement fréquenté le Jardin des Plantes, éblouie par les milliers de fleurs et ses beaux arbres dont un gigantesque ginko. J'ai déambulé dans tant de rues, discuté avec les commerçants du quartier, croisé les mêmes gens au point de se croire alors dans un village.
Ma tante descendait matin et soir ces marches pour promener le chien, on rencontrait les gens, on parlait, on voyait les amoureux, les musiciens, les clochards, par tous les temps, toutes les saisons.
C'est là, sur les quais, qu'on mesure qu'il y a deux mondes à Paris. Celui qui se tapit dans l'ombre sinistre n'est pas le plus malheureux, c'est un monde qui vit durement mais dans une liberté inébranlable. Sous des apparences de rudesse, une pudique mais réelle solidarité existe. Une joie brute aussi, même si elle est souvent alcoolisée... Ce peuple de l'ombre regarde du coin de l’œil ceux qui ont quitté la lumière pour quelques temps, regarde sans gêne, sans retenue mais jamais avec condescendance. Par contre, réciproquement, c'est autre chose...
Ma tante m'a appris à respecter ce peuple, à le comprendre, à l'accepter, à ne pas en avoir peur, à savoir quand il faut prendre ses distances à cause de l'alcool qui finit par tout gâcher.
J'ai fini par comprendre la tendresse qu'elle éprouvait pour eux et constater la futilité de certains gens d'en-haut.
Cette photo me le rappelle...
Ma tante descendait matin et soir ces marches pour promener le chien, on rencontrait les gens, on parlait, on voyait les amoureux, les musiciens, les clochards, par tous les temps, toutes les saisons.
C'est là, sur les quais, qu'on mesure qu'il y a deux mondes à Paris. Celui qui se tapit dans l'ombre sinistre n'est pas le plus malheureux, c'est un monde qui vit durement mais dans une liberté inébranlable. Sous des apparences de rudesse, une pudique mais réelle solidarité existe. Une joie brute aussi, même si elle est souvent alcoolisée... Ce peuple de l'ombre regarde du coin de l’œil ceux qui ont quitté la lumière pour quelques temps, regarde sans gêne, sans retenue mais jamais avec condescendance. Par contre, réciproquement, c'est autre chose...
Ma tante m'a appris à respecter ce peuple, à le comprendre, à l'accepter, à ne pas en avoir peur, à savoir quand il faut prendre ses distances à cause de l'alcool qui finit par tout gâcher.
J'ai fini par comprendre la tendresse qu'elle éprouvait pour eux et constater la futilité de certains gens d'en-haut.
Cette photo me le rappelle...
Bonjour Eva , oui j' ai aussi habité Paris , enfin Neuilly dans ma jeunesse !
RépondreSupprimerBelles photos , bonne journée Eva , escapade ,
Neuilly, Paris, deux mondes... chaque quartier a son charme, et même des parties de quartier peuvent se révéler bien différentes. J'ai adoré vivre dans le 5è arrondissement, puis lorsque je suis partie dans le 18è, ce ne fut pas évident mais j'ai appris à aimer ce coin chaleureux et très varié. Bonne soirée
SupprimerUn beau texte... Merci!
RépondreSupprimerMerci Gine
SupprimerTrès joli texte sur la ville de mon enfance.
RépondreSupprimerBises et bonne journée Eva
Et tu as vécu dans quel quartier ?
SupprimerBonne soirée Pascale, bises
Quel bel hommage à un moment de ta vie et aux gens de ce quartier où tu as vécu. ton texte est très beau, Merci
RépondreSupprimerMerci Prudence.
SupprimerOn a besoin en ce moment de parler ou d'écrire sur Paris. Pour que la vie continue comme avant.
RépondreSupprimerOui, faut pas se laisser déstabiliser, il faut résister. Bises Liza
SupprimerJ'aime ton texte parce qu'il parle de tolérance et d'amour des "autres" ! tellement, tellement important ............gros bisous et bon week end Eva !
RépondreSupprimerJ'ai mis plus de temps à récupérer cette fois, mais grosso modo, ça va ! merci Eva
Merci Colette. Le froid est arrivé chez nous alors j'imagine chez toi... Courage, gros bisous
SupprimerAu final je ne sais plus si c'est du réel ou de l'imaginaire ton texte ... mais ça sent bien le réel ... car ta tante semble tellement vraie !
RépondreSupprimerLà, c'est totalement du réel !
SupprimerQuand j'ai vu la photo j'ai pensé aussi à toutes ces existences qui ont fait des quais et des ponts leurs refuges....J'ai aimé que tu ais choisi de les évoquer en même temps que tous ceux qui ont la chance de dormir derrière une porte fermée.....
RépondreSupprimerChaque personne a droit d'être considérée...
SupprimerDésolée,j'avais laissé un petit mot mais il n'a pas voulu passer....
RépondreSupprimerJ'ai aimé que tu parles de cette autre vie de Paris,plus souterraine,qui se cache souvent sur ces quais ou sous les ponts évoqués par la photo....
C'est juste que les commentaires ne paraissent pas directement, ils sont modérés.
Supprimeroui, deux mondes très différents, au moins deux!
RépondreSupprimerj'ai choisi l'ombre et la lumière...
SupprimerJe reconnais dans tes mots le Paris que j'aime, et ses dangers aussi!
RépondreSupprimerJe n'ai jamais eu de soucis, faut apprendre à savoir où le danger est possible. Après, il y a l'imprévu évidemment...
SupprimerTon texte est vrai, et c'est pour tout cela que l'on aime Paris, ses différences, ses ombres et ses lumières, et les ombres qui se cachent quelques fois dans certaines lumières illusoires. Merci pour la tolérance qui se dégage de ton texte et l'ouverture à la différence. Bel hommage au paris aux multiples facettes ! merci ;)
RépondreSupprimerDécidément, que de beaux hommages à Paris, chacun à sa manière, en ce lundi.
RépondreSupprimerUn Paris que seuls les parisiens reconnaissent transparait chez toi.
J'ai vécu cinq ans en banlieue, et comme toi, j'ai aimé Paris, même le Paris de l'ombre