Mes premières enchères

Je pars du principe que dans la vie (si courte), il faut vivre certaines choses, sauter sur certaines occasions, se montrer curieux.
Bon, d'accord, ce que j'ai vécu aujourd'hui n'a rien d'extraordinaire. N'empêche ; jamais je n'avais assisté à une vente aux enchères.
Si je suis allée à celle-ci précisément, c'est d'abord parce qu'une amie m'en a parlé (merci Marinette). Mais ce n'est pas n'importe quelle vente aux enchères, du moins pour moi. C'est pourquoi je l'ai vécu avec également un pincement au cœur, des sentiments très mitigés.
C'est triste, pour ne pas dire pénible ou même affligeant de voir une "meute" de gens s'arracher des objets de toute une vie. Surtout quand une des propriétaires est encore en vie (certes sous tutelle à cause d'une cruelle maladie), quand c'est une personne que vous avez côtoyée.
En dehors de ça, je dois avouer que depuis 12 ans, je passe devant cette propriété 2 à 4 fois par mois, qu'au début je ne savais pas que c'était la maison de N. puis quand je l'ai su j'ai toujours rêvé y entrer un jour mais les circonstances ne l'ont jamais permis.
Enfin, le destin m'a permis de concrétiser ce rêve, dans de douloureuses circonstances mais ce fut l'ultime possibilité. A présent, la maison est vidée de tous ses souvenirs (438 lots sont partis chez diverses personnes pour des raisons diverses : antiquaires, collectionneurs, amis, patients du docteur, ou simples curieux). La propriété est en vente mais je suis sûre que l'âme de ses anciens propriétaires y demeurera.
J'ai été tour à tour intriguée, amusée, agacée, fascinée par le déroulement de cette vente. Nous étions installés sous une tente de jardin, régulièrement la pluie frappait violemment le plastique. Une bouteille d'Armagnac circulait, certains appréciaient. Il y avait 2 commissaires-priseurs, deux personnes travaillant sur ordinateur portable, 3 ayant les contacts téléphoniques. Ce qui donnait des enchères entre personnes "dans la salle" et personnes au téléphone. Souvent, ça allait très vite. Parfois pas assez au goût d'un des commissaires.
Je n'ai assisté qu'à la vente de l'après-midi. Le lot le plus élevé s'est monté à sept mille euros, je n'ai pu m'empêcher de constater que ça représentait un peu plus d'une demi-année de mon salaire, oui 6 mois et demi de mon salaire rien que dans un meuble (une commode du 18ème). Mais mon grand bonheur du jour fut de pouvoir déambuler dans le jardin après la vente pendant que les heureux acquéreurs allaient récupérer leurs biens. Lorsque mon amie a acquis son modeste premier lot, j'ai été stupéfaite de la voir remettre un chèque en blanc, après elle m'a expliqué que c'est le commissaire qui le rempli car il faut ajouter les frais ; l'un prenait 14,35% et l'autre 19,73%. Avec ses deux acquisitions, elle s'en tirait pour environ 47€. Moi j'ai assisté une sorte de véritable spectacle pour pas un rond et ai osé prendre des photos de ce petit paradis. Que demander de plus ?

Au fond du jardin, une petite ruine dont le carrelage que je trouve très beau est envahi de plantes, feuilles mortes et terre. Pffff


Un escalier mène à cette ruine ; de chaque côté sur un pilier, nageant dans le lierre, un lion garde l'entrée.

Les fenêtres donnent sur les voisins des alentours.

Le ciel se dégage très rapidement... ça ne durera pas.

De-ci, de-là dans le parc, divers objets...
Les couleurs de l'automne ajoutent au charme...

Les Rois Mages acquis par un ami de Marinette, vraiment très beaux avec leurs vêtements en vrai tissu.

Même le paillasson est charmant.

Voilà, maintenant cette propriété va connaître un nouveau destin...