lundi 12 décembre 2011

Dans le journal de dimanche...

In Sud Ouest du 11 décembre 2011

Jonathan Lupinelli, le violoniste en short et crampons

Entre deux rencontres de championnat ou de Coupe, le footballeur du Stade Montois Jonathan Lupinelli cultive son amour du violon.

 Jonathan Lupinelli est aussi à l'aise avec son violon qu'un ballon au bout de ses pieds. Entre deux rencontres de championnat ou de Coupe, il cultive son amour du violon.  Photo Nicolas Le lièvre

Jonathan Lupinelli est aussi à l'aise avec son violon qu'un ballon au bout de ses pieds. Entre deux rencontres de championnat ou de Coupe, il cultive son amour du violon. PHOTO NICOLAS LE LIÈVRE


Son nom suinte la Venise baroque du XVIIe siècle, les œuvres de Rubens, les concertos de Vivaldi. Son archer finement tenu au bout de ses longs doigts, Jonathan Lupinelli nous invite au voyage quelque part dans cette Italie empreinte de classicisme. Depuis sa plus tendre enfance, le footballeur du Stade Montois s'est en effet lié d'amitié avec son violon. Chaudement emmitouflé dans son étui, cet instrument de musique l'accompagne sur tous les terrains de sa jeune existence.

« Je suis né dans une famille d'artistes, puisque mes parents sont comédiens, intermittents du spectacle. Ma mère chante du lyrique et de la chanson française », avoue le jeune homme à la chevelure aussi blonde qu'un champ de blé mûr. « J'ai choisi le violon parce que mes oncles en jouaient. J'ai commencé très tôt car l'apprentissage n'est guère facile, il ne faut surtout pas se décourager. Avant de sortir le moindre morceau, on fait énormément de gammes, des cordes à vide pour arriver à ne reproduire que le son. »

Jonathan Lupinelli, élève consciencieux, s'annonce comme un musicien suffisamment doué pour envisager le conservatoire de Bordeaux après avoir réussi ses trois cycles au sein de l'école de musique de Mont-de-Marsan.

La puissance des rêves

Le jeune artiste se produit régulièrement avec ses camarades de promotion. Il participe même à des concerts d'orchestre à cordes sans négliger la musique contemporaine. « Je faisais partie d'un groupe de tango. On jouait du Piazzola. » L'adolescence tape à sa porte. Le petit Lupinelli, pas maladroit de ses pieds, voit apparaître la silhouette envoûtante d'un vieux rêve. « Depuis tout petit, je voulais rentrer dans un centre de formation professionnel. »

Lorsque les Girondins de Bordeaux lui ont proposé d'intégrer le centre, le latéral montois n'a pu résister à la tentation, au grand désespoir de sa grand-mère. « Elle a toujours rêvé d'être violoniste alors, quand je vais la voir, je lui joue un petit morceau. Des larmes coulent de ses yeux. Ella aurait aimé que j'en fasse mon métier. Mais le football c'est ma passion donc je ne voulais pas passer à côté. En fait, je devais choisir entre la musique et le ballon rond. »

Un répertoire très éclectique

Sous les couleurs marine et blanc, le joueur de la préfecture landaise apprend d'autres gammes sans pour autant négliger ses études. Il obtient en effet son baccalauréat littéraire avec mention. Mais son violon ne l'a pas quitté. « Quand je suis arrivé aux Girondins, je ne l'ai pas amené tout de suite car je craignais peut-être un peu le regard des autres. Et puis en parlant, j'ai vu que ça plaisait. » Les copains du centre de formation profitent pleinement des rendez-vous intimes du musicien et de son instrument. Chaque Noël, Jonathan Lupinelli anime la soirée, son fidèle instrument calé au creux de l'épaule. « Bien sûr j'adaptais mes prestations en fonction de mon public. Je jouais des morceaux où mes camarades pouvaient se reconnaître. »

Comme le talentueux Laurent Korcia, le violoniste de la CFA revendique sa liberté musicale. Si le Concerto pour deux violons de Vivaldi ou le Concerto n° 3 en sol majeur de Mozart restent ses morceaux préférés, Jonathan Lupinelli ne néglige pas la musique moderne. Tangos, génériques de films enrichissent son répertoire. « Je possède également un violon électrique avec lequel j'ai même joué du rap. »

Le défenseur stadiste n'ambitionne pas cependant de vivre de son art. « Le violon fera toujours partie de ma vie mais je ne me vois pas l'avenir dans une vie d'artiste. » Le virtuose en short et crampons régale désormais ses coéquipiers du Stade Montois, les soirs d'anniversaire.

Des concerts improvisés qui suffisent à son bonheur.

Bertrand Lucq

Stade Montois (CFA) - Clermont Foot (Ligue 2), cet après-midi à 15 h 30 au stade de l'Argenté à Mont-de-Marsan, pour le compte du huitième tour de Coupe de France de football.



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